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truc en cours: retrouvailles (fanfiction, hero tales)
J'ai fait lire cette fanfic, que j'avais écrite au lycée, à des ami·e·s qui n'avaient, elleux, pas encore lu le manga sur lequel cette dernière est basée ... et iels s'y sont mis·es grâce à moi. xD (Et ont dessiné des fanarts !)
J'étais vraiment obsédé par Hero Tales en première, après avoir découvert FMA l'année précédente... C'est un manga dessiné par la même autrice, Hiromu Arakawa, en cinq tomes, et très très très sous-estimé, de mon point de vue. (Lisez-le.)
Bref, je pense que c'est un signe pour que je m'y remette, et en attendant, je partage avec vous son début, laissé inachevé... et non corrigé, du coup. Bear with me.
(Avertissement: spoilers de l'épilogue du tome 5.)
Chapitre 1 : Sous le soleil
Sept ans s'étaient écoulés.
Ryuukou ne s'était pas spécialement inquiété - ou plutôt, il s'était efforcé de ne pas penser à lui, à considérer qu'il était parti pour toujours. Il savait qu'il n'avait pas le choix. Il devait continuer à vivre, pour le remercier, lui qui l'avait sauvé -
Celui qui était resté dans ce palais en train de s'effondrer, symbole de la terreur qui régnait sur l'Empire de Ken, et sur Ryuukou, pendant toutes ces années.
Ce jour-là, il avait pleuré. Plus exactement, au moment où il comprit qu'il devait abandonner Taitou là-bas, il avait pleuré, se sachant impuissant.
Ce jeune homme impulsif, explosif à tout moment, qui avait haï l'empereur sans même le connaître, qui avait le don de s'attirer des ennuis comme lui avait le don de se perdre sans cesse - au sens propre et figuré - était pourtant celui qui avait su le ramener dans le droit chemin, alors même qu'à leur toute première rencontre, c'était Ryuukou qui avait infligé une défaite cuisante à Taitou.
Les gens sont bien plus que ce qu'on croit qu'ils sont. Ils évoluent, des changements profonds s'opèrent en eux au gré du temps et des épreuves.
Sans doute les choses étaient-elles mieux sans lui à présent - il avait eu à faire ses preuves seul, et avait réussi à suivre son chemin sans s'en détourner, sans aucune aide -
Jamais, pas une seule seconde, il n'avait dévié -
Il avait un enfant à élever.
Il ne voulait pas l'abandonner comme son propre géniteur l'avait fait avant de le ramasser et se servir de lui comme outil ; même s'il n'avait pas désiré cet enfant, Ryuukou n'avait pu se résoudre à partir.
Il y avait eu un mariage, de convenance, mais dont tout le monde fut content ; il décida qu'il l'était aussi. Anika était, en toute objectivité, une des meilleures personnes que Ryuukou ait jamais connues.
Mais il n'était pas amoureux d'elle, et la nuit qu'ils avaient passé ensemble -
Il avait dix-huit ans. Il était idiot. Elle était son amie d'enfance, et tout le monde savait qu'elle, elle était amoureuse de lui, et l'avait attendu -
À présent, ils étaient mariés. Il s'était engagé à vie, ne pourrait pas faire marche arrière -
En regardant Heisei grandir, Ryuukou eut besoin de se rappeler constamment qu'il n'était pas Keirou, qu'il était lui-même, une personne à part entière, capable de ne pas reproduire les souffrances que cet homme lui avait infligées.
Était-ce donc ça, être un père ?
Heureusement, élever l'enfant rappela à Ryuukou le souvenir de son père adoptif. C'était, véritablement, la seule personne dont il avait reçu de l'amour parental, qui avait été une famille pour lui -
S'il l'avait compris plus tôt -
Il n'aurait pas fait -
À présent, il devait mener une vie la plus droite possible. Il n'était pas issu de la secte Rikka pour rien. Heisei avait sept ans. Il était le meilleur fils dont Ryuukou ait pu rêver. Il ferait tout pour lui, quitte à prendre des risques inconsidérés.
***
Ainsi, sept ans après leur séparation, Taitou revint.
Bizarrement, la première impression qu'il eut en le voyant, c'est qu'il n'avait pas changé d'un iota.
Debout, le visage éclairé par un grand sourire, l'hôte de Hagun semblait venir directement du passé, comme si le temps ne s'était pas écoulé pour lui, qu'il lui avait fait ses adieux à peine cinq minutes plus tôt -
Comme s'il avait réussi, de justesse, à s'extirper du palais, de la cité en ruines, abandonnés, qu'il les avait rejoints -
Ça aurait été une belle fin, songea Ryuukou.
Mais, soudain, ce Taitou du passé sembla s'évaporer -
Celui qui se tenait sous ses yeux avait le visage lacéré de cicatrices ; il avait maigri mais pris en muscles et surtout, dégageait une aura bien plus calme que celle qu'il lui connaissait - mais incroyablement puissante, à un point que c'en était presque dérangeant.
Il comprit qu'il avait dû se battre pour arriver jusqu'ici, s'entraînant sans cesse pour arriver à cette maîtrise de son Ki.
Que sept ans s'étaient réellement écoulés -
Sans vraiment comprendre, chamboulé, Ryuukou le contempla, semblable à un miroir réfléchissant son propre visage, lequel était traversé par une longue balafre, qui lui avait pris son oeil, souvenir du combat qui l'avait opposé à Keirou, avant que Taitou s'interpose -
Keirou qui avait tenu à défigurer son enfant de la même manière dont il l'était, comme pour le marquer à vie, lui rappeler constamment d'où il venait -
***
Quand Taitou le salua, Ryuukou eut le coeur serré.
Il aurait voulu, en cet instant, être capable de montrer ses émotions, qu'il sache à quel point -
À quel point il était bouleversé -
Il l'avait vu plaisanter avec Laila, souriant, comme si rien n'avait changé. Mais il ne s'attendait pas à ce que l'hôte de Hagun revienne vraiment.
Il ne s'y était absolument pas préparé, et avait fait ses choix de vie en se basant sur cette disparition, presque par dépit. Enfin, il n'avait pas vraiment eu le choix, dans les faits , mais il aurait tout à fait pu fuir ses responsabilités s'il le voulait.
Il regrettait, à présent -
Au moment où il croyait avoir enfin retrouvé son chemin, il s'était perdu de nouveau.
Ryuukou, qui pensait que tout était à présent acquis, vit son petit monde bien réglé se fissurer.
***
- Alors... Comme ça, tu as un fils. Je n'arrive pas y croire ! s'exclama Taitou.
Heisei, intimidé, s'accrocha à la jambe de son père. Ryuukou, attendri, posa doucement la main sur son épaule.
- Ne t'inquiète pas, c'est un ami à moi. Il est gentil.
Tremblant, le garçonnet se détacha de Ryuukou et salua timidement Taitou.
Ils étaient dans la maison de Laila, qui avait tenu à les inviter pour un repas tous ensemble. Celle-ci était assise à côté d'Anika, tandis que Taitou et Ryuukou étaient côte à côte.
- Taitou, je te présente Heisei. Heisei, voici Taitou. Lui et moi, nous nous sommes rencontrés il y a... Presque huit ans ?
L'enfant écarquilla les yeux.
- J'étais même pas né !
C’était drôle, quand même, comment le temps avait passé vite. Pourtant, sept ans, c'est long.
Il regarda Taitou, qui lui contemplait Heisei, une expression indéchiffrable se dessinant sur son visage.
À quoi pensait-il, en cet instant ? Comment le voyait-il, lui ?
Taitou avait de beaux yeux bleus à la lueur indéchiffrable, dans lesquels il ne trouva que son reflet.
- Eh bien... Vous deux, je suppose que vous avez beaucoup de choses à vous dire, dit Anika en souriant.
Le regard de Taitou s'illumina.
- Oui, Ryuukou, tu ne devineras jamais tout ce que j'ai fait ! Et comment j'ai progressé, en combat. Si je pouvais retourner dans le passé, je serais en mesure d'aller mettre une raclée à Keirou direct.
Il grimaça. Il n'avait pas envie de repenser à ça. Il lui semblait que le malaise qu'il avait ressenti en le laissant derrière, ce jour là, revenait, sept ans plus tard.
- C'est qui, Keirou ? s'exclama une petite voix enfantine.
Heisei. Bon Dieu. Ils avaient presque oublié sa présence.
Ryuukou songea avec ironie qu'il s'agissait ni plus ni moins de son grand-père biologique. Que c'était le porteur de [] -
N'y pense même pas. Concentre toi. Explique lui que c'était un chef de l'armée contre qui vous vous êtes battus quand vous étiez jeunes, sans donner plus de détails -
Il sentit l'angoisse l'envahir. Mentir, changer des détails de sa propre histoire à son enfant, était-ce vraiment droit ? C'était la première fois qu'il lui venait à l'idée de mentir –
Mais il n'était pas seul dans cette pièce, il y avait aussi Taitou, Laila, Anika - l'un d'eux pouvant tout à fait se mettre à raconter tout avant même qu'il ait pu dire quoi que ce soit -
***
Ce n'était pas une chute. À aucun moment, il n'eut l'impression de tomber, ni de perdre pied. C'était plutôt... Comme un étourdissement. Un bref passage à vide, après duquel on se demande "Attends.. Où est-ce que je suis, là ?"
Et il perdit légèrement l'équilibre, tout juste pour glisser vers un sentier inconnu, qu'il se serait refusé à emprunter en temps normal.
***
- Est-ce que tout va bien ?
Il sursauta.
- Euh... oui, répondit-il, mal assuré. Je... j'ai besoin de prendre l'air. Désolé.
Il vit Laila et Anika échanger des regards suspicieux.
Merde. Personne n'avait répondu à Heisei, en plus. Tant pis. Il se sentirait mieux après avoir pris l'air, de toute façon. Tant pis si il avait l'air perturbé. Il verrait comment lui expliquer, ensuite -
Pourquoi, se dit-il en cet instant, pourquoi avait-il une histoire familiale aussi dure, aussi compliquée ? Pourquoi les mots ne venaient-ils pas ?
Ryuukou réalisa qu'il était vraiment désorienté. Il n'avait pas cherché à écouter les interrogations qui revenaient sans cesse dans son esprit, depuis le jour même où il avait rencontré Taitou, ni à dire la vérité à son fils, mentant par omission -
Il sortit. L'air de ce début d'après-midi était doux, et le soleil brillait dans le ciel. L'opposé du jour où Taitou l'avait sauvé, marqué par des pluies diluviennes.
Ce jour-là aussi, il était perdu et confus. Ce n'était pas la première fois, ni la dernière. Il avait manqué de se noyer et Taitou avait plongé pour le ramener à la surface. Il avait eu du mal à comprendre pourquoi il avait fait ça, comment sa vie pouvait avoir de la valeur -
Ryuukou soupira, s'efforça de se détendre. S'il restait enfermé dans ces pensées, ce flux angoissant de questions, cela le mènerait à la dépression, et il le savait.
Pourquoi était-il incapable de faire quoi que ce soit?
- Ryuukou ?
Il sursauta - de nouveau. Anika venait de le rejoindre. Son regard était inquiet. Il n'avait pas dû être très crédible.
- Je..., commença-t-elle, hésitante. Je suis désolée. Et Taitou est désolé, aussi.
Ryuukou haussa un sourcil.
- Toi, désolée ? Je ne te reconnais plus, là! (Il eut le cœur serré.) Tu n'as pas être désolée. Ni Taitou. C'est de ma faute, si on en est là aujourd'hui.
Il se tut un instant.
Inspira -
- D'ailleurs, pour tout te dire, je ne pensais pas que Taitou reviendrait un jour, admit-il.
Elle eut un petit sourire un peu mystérieux.
- Moi non plus, je te l'avoue. Au fond, c'est un jeune homme vraiment coriace - ça ne m'étonne même pas qu'il ait survécu. Mais je m'étais convaincue qu'on resterait tous les deux pour toujours...
Elle termina cette phrase avec une pointe de tristesse dans sa voix.
- Attends, comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire par-
Mais avant même que Ryuukou ne puisse finir sa phrase, il fut interrompu par l'arrivée de Laila.
- Effectivement, Anika, mon idiot de frère est comme une mauvaise herbe : on a beau essayer de l'arracher, elle repousse tout le temps. Mais vous avez pas idée d'à quel point je suis heureuse qu'il soit revenu -
- Laila!
Des deux époux, Anika avait été la plus surprise par l'apparition de la jeune femme.
- Euh... Je vous ai entendus parler de Taitou, balbutia Laila. Alors, je me suis dit que j'allais prendre part à cette conversation. Je... je vous ai interrompus ? Désolée.
- Et tu les a laissés seuls, Heisei et lui ? s'affola Anika.
- Ils ont bien sympathisé. La discussion a dévié sur le tir à l'arc et... ils avaient l'air ravis, en tout cas. Mais, plus sérieusement, Ryuukou (elle se tourna vers lui), tu comptes lui dire pour [...] ?
Il déglutit nerveusement. Obnubilé par les paroles sibyllines d'Anika au sujet de Taitou, il avait presque oublié ce détail.
Son épouse planta ses yeux dans les siens, attendant elle aussi une réponse.
- Laila a raison. Il s'agit de notre fils. Si, dans le futur, ils venaient à se retourner l'un contre l'autre...
- Non, lâcha Ryuukou, un peu trop brusquement. (Sa voix tremblait.) Cela n'arrivera pas. Nous l'avons bien appris, il y a sept ans, que le destin, c'était des conneries. On peut écrire notre propre histoire.
Mais il n'était pas totalement sûr de lui -
- On n'écoutera pas cette légende stupide. Regardez, ils s'entendent super bien.
- Tu marques un point, reconnut Laila. Mais on ne peut pas être sûr... je veux dire, Taitou a dû forcement le sentir, pour Heisei. Et si, malgré nos efforts, l'histoire se répétait ? C'est quand même incroyable, que, de nouveau, Hagun et [] prennent vie à la même époque.
- Calme-toi, la tempéra Anika - bien que son regard brillait aussi d'inquiétude. On dirait que tu es la plus nerveuse, ici, alors que c'est moi, la mère, dans cette histoire.
- Qui t'a dit que je parlais d'Heisei? Je m'inquiète pour Taitou. Ce serait tout à fait possible qu'il...qu'il meure.
Le cœur de Ryuukou fit un bond dans sa potirine. Laila voyait leur fils comme une potentielle menace. Mais en même temps, en cet instant, il réalisa à quel point elle aimait Taitou.
- Comment peux-tu insinuer ça ? murmura tristement Anika.
- Parce que, je te dis, c'est tout à fait possible. Que l'élève dépasse le maître. Je ne veux pas perdre Taitou une nouvelle fois, tu comprends ? (Sa voix tremblait.)
- Tu es amoureuse de lui, n'est-ce pas ?
Laila rougit.
- À un moment, oui, je l'ai été. Quand j'ai appris que nous n'étions pas liés par le sang, j'ai commencé à être confuse. Je ne savais plus comment je devais le voir, et j'avais peur qu'il ne m'aime plus. Déjà que je n'avais aucun pouvoir, contrairement à lui... Mais ensuite, j'ai réalisé que c'était véritablement ma seule famille, la seule famille qu'il me restait, biologique ou pas.
- Je vois, acquiesça Anika, le regard toujours grave.
Ryuukou en fut estomaqué. Laila, amoureuse de Taitou? Il ne l'aurait jamais deviné. (Il n'était pas quelqu'un de très perspicace, en même temps.) Il ne les aurait jamais imaginé en couple - heureusement que ce n'était pas le cas. Ils s'étaient toujours comportés comme un frère et une sœur se chamaillant constamment mais s'apportant un soutien mutuel.
Anika et Ryuukou échangèrent un regard. Cette conversation était sur le point de déraper, et le plus important, pour l'instant, était qu'ils parlent à Heisei. Qu'ils lui expliquent ce que signifiait la marque qui était imprimée sur son dos depuis sa naissance, qu'il avait un pouvoir dont il n'avait pas encore pris conscience.
Mais comment lui dire sans l'inquiéter ? Comment laisser à un enfant son libre arbitre et lui faire comprendre que son destin lui appartenait ?
Tout cela lui donnait le vertige.
- Heisei est quelqu'un de bien et il le restera, déclara Ryuukou. Je ne vois pas comment il pourrait devenir violent, pour le moment. Nous l'avons bien élevé.
Il avait tenté de prendre le ton le plus ferme possible.
- C'est plutôt Taitou qui est louche, répliqua Anika. Comment pouvons-nous être sûrs qu'il n'a pas changé, pendant toutes ces années ?
- Arrête ! S'écria Laila. Taitou ne peut pas - on a beaucoup parlé tous les deux. Il n'a pas changé. Je ne te crois pas.
Ses mots sortirent comme des sanglots ; et Ryuukou ne sut pas quoi répondre.
Chapitre 2 : Le premier ami
Les jours suivants, personne ne fit allusion à cette discussion qu'ils avaient eue, tous les trois. Ils étaient retournés dans la maison, souriants, comme si de rien n'était ; la conversation de groupe reprit.
Heisei semblait fasciné par Taitou. Il s'était mis à le suivre partout, à lui montrer tout ce qu'il faisait, à lui parler de tout ce qui le passionnait. L'hôte de Hagun n'avait pas une seconde de répit. Soyons francs: Ryuukou était légèrement embarrassé par la situation. Son fils avait décidé de faire du nouveau venu son idole et passait à présent ses journées chez Laila pour le voir.
à continuer
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