texte initialement publié sur wattpad le 5 avril 2020. je repense encore au commentaire que sasha avait laissé dessus, et le fait qu'ael se soit reconnu dedans... ♥ lorsque mes textes (aussi cringe soient-ils quand je les relis) touchent d'autres, j'ai le sentiment d'avoir réussi quelque chose, et ce sentiment reste. alors, un grand merci à toutes celles et ceux qui m'ont soutenu ici et sur le site orange à l'époque. je ne serais pas là sans vous, et je vais continuer à écrire en 2023. <3

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je suis dépendante

dépendante à la musique

qui fait taire mes pensées

me calme

me réveille de mes cauchemars

et me fait rêver, tandis que je me balance

 

et quand je me retrouve à nouveau
dans le silence

c'est un apaisement

de ne plus entendre tous les sons qui m'épuisent

- portes qui grincent, repas de famille interminables, bruits bizarres non identifiés

mais c'est aussi une terreur

car il n'y a plus rien

pour faire taire les cris

coincés au fond de mon coeur

qui envahissent ma tête

et me rendent incapable de faire quoi que ce soit

et je ne peux même plus me noyer dans la musique

 

je suis dépendante

à l'eau chaude, presque brûlante

de la douche,

sous laquelle je reste pendant une éternité

pour me calmer

me nettoyer

oublier mon corps

laisser partir, avec l'eau, mes cauchemars;

et quand je sors de la cabine

c'est comme si je renaissais,

le vent frais s'engouffrant dans ma petite salle de bain, à travers le velux entrouvert,

(qui dévoile un ciel bleu uniforme)

effleurant ma peau et mes cheveux humides,

me rappelant

que je suis vivante.

 

je suis dépendante

à l'ordinateur

et à mon téléphone

en tout cas, c'est ce que ma mère dit

elle a sans doute raison

mais ce qu'elle ne sait pas

c'est que ce n'est pas ça, le vrai problème

quand je suis en train de scroller mes réseaux sociaux, de regarder des vidéos, de lire des webtoons tard le soir

c'est un petit peu

pour oublier

essayer d'avancer

me donner l'illusion d'être productive

essayer d'écrire

mais à chaque fois, je suis interrompue

et au bout du compte

quoi que je fasse

je me sens nulle

 

je ne sais pas

donner de sens aux choses que je fais

je me contente

de répéter les mêmes choses

ouvrir toujours les mêmes onglets, quasiment toujours dans le même ordre

d'avoir besoin

d'ouvrir mon téléphone, d'écouter toujours ces mêmes chansons, le volume à fond, d'aller sur l'ordi, d'aller m'oublier sous la douche

pour ne pas
me sentir comme si
j'allais entrer en combustion instantanée

pour ne pas
me laisser rattraper par la peur du vide